mardi 26 août 2014

Oudong, le dernier repos des rois.

Sur la route de Battambang à environ 40 kms de Phnom Penh se trouve Oudong, l'ancienne capitale du royaume khmer au 17ème siècle. Ce n'est pas vraiment une destination touristique, mais un haut lieu de pèlerinage pour les cambodgiens. Disséminés en haut de la colline "Phnom Udong" les stupas, ces monuments funéraires bouddhiques en forme de cône, contiennent  les cendres des anciens rois khmers. Et sont l'objet de vénération. 
Il ne reste plus grand chose de la gloire d'Oudong, ravagé par les guerres et la funeste période des khmers rouges. Le site est en constante rénovation, mais lors des rituels religieux ce sont des milliers de bonzes et de pèlerins qui affluent pour honorer la mémoire de leurs rois.
De bon matin, après avoir choisi soigneusement notre tuck tuck (pneus larges et bien gonflés, largeur de l'assise du siège, rembourrage), après avoir négocié le prix (aller/retour+attente sur place) nous avons chaussé nos masques (fort utile pour les routes où le bitume fait très souvent place à la terre, volatile et étouffante), et nous nous sommes lancées sur la piste du dernier repos des rois. 
Nous c'est Anne et moi. Anne est infirmière en retraite, je l'ai rencontré en octobre dernier, elle arrivait au Cambodge pour travailler une année dans l'orphelinat à coté de celui de Kien Kleang.(*) 
Il se trouve que, incroyablement, nous nous sommes découverts des connaissances communes, dans cette petite ville d'Aveyron où elle vit. Un an après elle s'apprête à rentrer en France, elle n'en a pas franchement envie.Son sourire, son humour, sa générosité, sa canne en bambou faite maison, sa chevelure blanche comme un flambeau ouvrent toujours le chemin des coeurs. Et dans la rue où elle loge, dans l'orphelinat où elle travaille, dans les gargotes et les commerces, elle trace tranquillement son chemin, saluée et respectée. Anne est une vraie gentille et ça se sait. 
Il n'y avait personne ce jour là, nous étions les seules touristes à déambuler dans le site, interpellées par quelques vendeurs de fleurs ou d'encens, de canettes ou de fruits.

 Nous avons grimpé des marches, flâné sous les arbres, nous avons levé nos têtes vers le ciel,
 courbé nos têtes vers les bouddhas, 
hoché nos têtes vers les vendeurs, 
nous avons déchaussé nos pieds en entrant dans les temples, 
chaussé nos pieds pour ne pas glisser sur les dalles, 
nous avons respiré à plein poumons,  retenu notre souffle devant la beauté des lieux,  

nous avons murmuré pour ne pas troubler la quiétude du moment, 
rigolé devant les "Manneken Pis"
étonné devant ce drôle de Bouddha
et demandé ce que pouvaient bien se raconter les deux mamans singes protégeant leurs petits
Après tout ça nous nous sommes installées pour manger, toujours seules dans un immense espace. Des centaines de nattes et de hamac sont prévus pour les repas et le repos des jours de célébration. 


Et puis il s'est mis à pleuvoir, 
A pleuvoir vraiment...
(*) Facebook : Anne au Cambodge pour "Enfants & Avenir"


lundi 25 août 2014

Leçon de vocabulaire

Trottoir :

  • Définition française: Partie latérale d'une rue surélevée par rapport à la chaussée et réservée à la circulation des piétons (Larousse)

  • Définition khmer: C'est quoi un piéton ? 








samedi 23 août 2014

Double cheeseburger !


L'effet papillon

Il a suffit de pas grand chose pour que ce passage à Phnom Penh soit cette année, transformé. 
Juste un battement d'aile de papillon dans la cour de l'orphelinat : un simple non à la demande pressante, même pas voilée, d'argent sonnant et trébuchant du directeur pour son seul profit. 
Le refus de l'association de participer à la corruption qui sévit de façon endémique au Cambodge, a bousculé le lien que nous avions avec l'orphelinat de Kien Kleang.
Nous ne sommes plus dans les murs, mais le cordon n'est pas pour autant coupé avec les jeunes. Trait d'union entre eux et nous, "l'espace EB" (*1) que nous avons installé il y a quelques mois à une centaine de mètres de l'orphelinat. Un appartement lumineux et spacieux avec une grande cour, au fond d'une paisible impasse. Grâce à ce lieu où elle vit désormais, Gneup  a pu retrouver son fils Raksmay (*2) et véritable sentinelle, elle veille sur la discipline et la propreté du local.


Chaleureux et ouvert à tous, livres, revues, ordinateurs avec internet, guitares, jeux sont à disposition. Un cuiseur plein de riz toujours chaud est branché en permanence.
Bien sur, les plus autonomes des enfants de Kien Kleang viennent régulièrement mais aussi les enfants du quartier. Ceux qui vivent dans les gargotes du bord de la route, bâche de plastique tendue entre 4 montants de bois, ou cloisons de tôle, sacrifiant les corps à la chaleur et la pluie, la promiscuité et  l'insécurité.
Chaque soir de la semaine un jeune khmer vient dispenser des leçons aux plus petits, qui ne savent pas lire, ni écrire ni même réciter leur alphabet. Des bénévoles se relaient pour faire vivre le centre et trois fois par semaine, c'est Matt, anglais expatrié à Phnom Penh, qui donne les cours, niveau débutant ou confirmé, carton plein à chaque séance.










Je ne peux m'empêcher de retenir mon souffle quand, passé le pont japonais, je laisse sur ma gauche la route de l'orphelinat pour prendre le chemin d'en face. 
Juste un battement d'aile de papillon qui emporte dans le vent un gout de poussière et emballe mon coeur. Un petit bout de moi quelque part là, 
                                      au bord du fleuve... 
                                                                     en suspens...

Précision: Pour des raisons de tranquillité des jeunes de l'orphelinat qui viennent au local EB, il n'y aura pas de photos d'eux sur ce blog. En effet, le directeur  de Kien Kleang exerce sur eux des pressions pour limiter voire interdire leurs venues. Les photos sont celles des enfants du quartier.
(*1)  Association Eléphant Blanc : Site:  http://elephantblanc-cambodge.com
                                               Facebook: http://www.facebook.com/EB.association
 (*2)  http://blogdemarieo.blogspot.com/2013/10/de-retour.html

vendredi 22 août 2014

O' Russey

Le marché O'Russey c'est le marché des khmers, situé à quelques rues du Psar Thmey (*), c'est un vivier incontournable de la vie des phnompenhois.









Dès poltron minet s'interpellent et se bousculent des centaines 
de vendeurs et acheteurs dans un labyrinthe d'allées et d'escaliers.
Ici, que des khmers, les seuls occidentaux aperçus, l'air hagard sont ceux qui ont confondu O'Russey et Russian Market, le marché russe, haut lieu touristique d'achat de tous les souvenirs qui chargent les valises des retours.
Ceux là ont dû mal prononcer ou ne se sont pas méfiés de l'absence de la brève (mais indispensable!) lueur dans les yeux du chauffeur de tuck tuck ou de moto. Et ils se retrouvent effarés, malmenés, dans cette immense fourmilière, cherchant la sortie au plus vite.
(Une parenthèse sur ma théorie "de-la-brève-mais-indispensable-lueur-dans-les-yeux-des-chauffeurs-de-tuck-tuck-ou-de-moto" : Lorsque vous annoncez votre destination à un chauffeur, regardez droit dans ses yeux, une étincelle, un éclat instantané, c'est gagné ! Vous arriverez à bon port rapidement. Pas d'étincelle, pas d'éclat instantané, bien sur il va vous dire "yes, yes I know" (parce qu'aucun chauffeur ne va vous dire que non il n'en sait fichtrement rien de là où vous allez!) mais en réalité, c'est foutu vous allez devoir vous armez de patience pour atteindre votre but, errant parfois à quelques mètres de votre destination, parfois à des kilomètres...Fin de la parenthèse)

J'aime aller au O'Russey,  parce que personne ne fait aucun cas de mon statut d'européenne, pas de blablas, pas de " can I help you ?" "do you need somethings ?", " buy somethings please ?" les affaires se font sans vous, pas de marchandages, ou si peu, pas de shopping superflu, les porteurs de colis vous marchent sur les pieds, vous heurtent sans même vous remarquer, les vendeurs lèvent à peine les yeux lorsque vous vous arrêtez à leur stand.
Je m'y perds à chaque fois,  le marché est sur deux étages, desservis par plusieurs escaliers à différents endroits de cette immense (et laide) construction (mais attention tous les escaliers ne donnent pas l'accès au premier étage), cherchant le coin des cahiers pour me retrouver à celui des chaussures, traversant pour la énième fois l'allée des tissus, moi qui ne coud jamais. Ça grouille, ça crie, ça s'interpelle, ça foisonne, les enfants jouent au milieu des étroits passages, les ados ricanent devant les échoppes de lingerie, les mamys tentent de vendre leurs quelques mangoustans ou leur gâteau de riz gluant enrobé dans des feuilles de bananiers. Il vaut mieux arriver tôt le matin. Quand la chaleur n'est pas encore brassée par les maigres ventilos qui vous renvoient au passage les fumets des pâtes de poisson fermenté, les odeurs de viande crue ou les effluves des épices colorées. Dès midi, l'effervescence ralentit, chacun s'installe dans le hamac, ou à même le sol sur une natte pour la sieste. Le marché ferme à 17h, dès 16h30, les marchands remballent, inutile alors de s'obstiner à leur réclamer le tee shirt ou le sac que vous avez repéré, ça ferme, circulez y'a rien à voir! 
















(*)Le marché central : http://blogdemarieo.blogspot.com/2013/10/psar-thmey.html