jeudi 30 septembre 2010

L'imagination à la fête

Samedi, Félix et Berbine avaient organisé un "Sport's Day" à l'orphelinat...
Ca a déjà commencé la semaine dernière avec la préparation des équipes. Une bonne cinquantaine d'enfants s'étaient inscrits et à l'aide des grands, Félix et Berbine ont mêlé plus jeunes et plus âgés, garçons et filles, et répartis dans 4 équipes, " la terre, l'air, le feu et l'eau".
Je dois avouer que je me suis lâchement reposée sur eux pour l'organisation de la journée. Achats des lots, des boissons, des gouters, préparation des jeux, samedi tout était fin prêt.
Les jeux avaient tous un lien avec les noms retenus, un peu lointain parfois, mais tout de même.
Pour le thème de l'air, des ballons à gonfler en un temps record,

Puis à éclater aussi vite...
le panier de basket, commencé à l'extérieur,

et terminé à l'intérieur pour cause de pluie...




l'eau, des bouteilles à remplir à l'aide d'une petite bouteille...percée...posée sur la tête...

terminé en joyeuse bataille d'eau,


la terre, le jeu du béret (ben oui le béret, ici un volant, est posé par terre quand même!)


et la course mains attachées, ( mieux vaut avoir les pieds sur terre!)


et pour le thème du feu, un relais (on fait vite à se passer le baton brûlant)


D'accord c'est parfois un peu tiré par les cheveux mais quand on a pas les moyens faut avoir l'imagination !

Il y a eu des perdants et des gagnants, mais tous se sont retrouvés devant un gouter et des boissons, un gros sac de lots à se répartir par équipe, sachets de pates chinoises, dont ils raffolent, trousses de toilette, parfums, savons, ballons etc...L'équipe gagnante, le feu, ajoutera sa coupe à celle de l'an dernier cérémonieusement installée à la bibliothèque.
Tous les jeunes ont participé avec un bonheur évident, pas de mauvais joueurs, pas de coups tordus, beaucoup de rires, quelques bleus et bosses, une vraie envie de s'éclater et de profiter.
Quand je pense à tous les trésors d'ingéniosité dont il faut faire preuve en France pour distraire quelques heures nos petits bambins en centre de vacances !


Et tchintchin !


Ps: non ce n'est pas pour se la jouer incognito que certains ont des lunettes de soleil sur les photos c'est encore et toujours l'épidémie de conjonctivite !!!

mercredi 29 septembre 2010

Un dimanche à la pagode

Nounou Srey et Gneup nous avaient proposé de les accompagner à la pagode pour l'offrande aux bonzes, alors dimanche un peu "endimanchés" nous sommes partis avec les filles et les nounous à la pagode du bout du chemin.





D'abord il faut préparer des offrandes aux bonzes, du riz bien sur, des gateaux, et d'autres nourritures,


ensuite il faut dénicher le moto dop de la gargotte d'à coté qui nous amènera avec un tuck tuck à la pagode. Au Cambodge personne ne marche à pied, même pour faire 100 mètres aucun cambodgien ne peut se passer d'un transport motorisé.

La pagode est le long du fleuve, on passe devant la mosquée et le quartier des musulmans, et c'est là en bordure du Tonlé Sap.

c'est une vraie fourmillière, plusieurs temples sont construits dans l'enceinte, les bonzes y ont leurs logements, souvent une simple chambre... Au contraire de nos églises, c'est vivant, incroyablement animé.



A l'intérieur d'un des temples, les bonzes recoivent les offrandes et bénissent ceux qui les offrent. On se fait asperger d'un peu d'eau (bénite?), et les mains jointes au front on doit se baisser 3 fois pour remercier..

Il règne une ambiance "bon enfant" très très loin de nos messes guindées


C'est en fait un joyeux rassemblement où on mange, on discute entre voisins, on peut même téléphoner sans géner personne et sans se faire fusiller du regard.

il y a le coin des nonnes aussi, c'est ainsi qu'on appelle les femmes bonzes, mais elles ont beaucoup moins de fans.



Après l'offrande au bonze , Chhay Leang nous a donné une assiette pleine de riz, au début j'ai cru que c'était pour manger alors je lui ai dit " juste un petit peu"...Il était 10h et j'avais pas très faim. En fait c'était pour répartir dans des grands saladiers, une cuillère par plat...Du coup j'ai du franchement avoir l'air ridicule à en demander rien qu'un peu. Normalement il faut donner quelques riels (le riel est la monnaie officielle cambodgienne pour les petites sommes de moins de 1 dollar les paiements sont en riels pour toutes les autres sommes c'est presque toujours en dollars. Sachant qu'un dollar égal 4200 riels. Ce qui devient compliqué c'est quand on paie en dollars et que la monnaie est rendue en riels, tout ça sans avoir le cours du jour du dollar donc à la louche! ) mais j'avais betement oublié mon porte monnaie... Nounou Srey m'a dit que c'est pas grave parce qu'il parait que Bouddha ne m'en voudra pas. La nourriture recueillie est distribuée ensuite aux pauvres. Le don fait partie intégrante de la culture bouddhiste, c'est leur passeport pour une vie meilleure la prochaine fois, alors même les plus pauvres ont toujours quelques riels à donner à des plus pauvres encore.




C'est que ça en fait de la vaisselle tout ça...alors il faut ranger après


et qui est encore de corvée de vaisselle, les femmes !


Puis nous sommes passés dans un coin du temple où on devait enfouir des billets de riels (heureusement prêtés par Dima) dans un tas de riz et verser du riz par dessus. On recevait alors la bénédiction des nonnes.

On a pas du faire comme il fallait parce que ça a fait rire tout le monde



On plante ensuite des batonnets d'encens dans des vases pour que nos voeux se réalisent



dehors aussi il se passait de droles de choses, avec comme des petits chateaux de sable, piqués d'encens, de jolis papiers et de billets.

ça beau être dimanche, certains travaillaient à la réfection du lieu, partout des boulettes de riz séchées sont disposées au soleil.

plus loin un temple désaffecté en réparation

celle là elle est pour toi, Carine....



Et ici, rien ne se termine sans la photo souvenir...


et un bon plat de riz...

Voilà je n'ai pas tout compris, juste appréhendé cette ambiance particulière mêlant rires et recueillement, et sous une apparence de légèreté et de plaisir reste un ensemble de codes et de rituels qui nous échappent totalement.
Nounou Srey veut que je l'accompagne pour la dernière cérémonie de la fête des morts le 7 octobre, en fait notre Toussaint. Pour les bouddhistes, cette fête est l'une des plus importantes de leur calendrier, elle dure une semaine et c'est l'occasion pour beaucoup de familles de se retrouver.
D'ailleurs l'orphelinat se vide peu à peu, les enfants retournant dans leur "home land", où ils ont bien souvent encore un parent, ou une tante, un cousin, la notion de famille ici étant très élargie.
Narong me confiait sa joie de revoir sa famille, ses parents, ses frères, soeurs, neveux et nièces. Mais aussi sa grande douleur de les voir si misérables, tellement démunis de tout. Il m'expliquait qu'à chaque retour, quatre à cinq fois par an, c'est un déchirement entre le bonheur de se retrouver et cette souffrance, et que tous pleurent beaucoup.
Les enfants qui restent à l'orphelinat ces jours ci n'ont plus aucune attache familiale, ou sont trop jeunes pour rentrer chez eux par leur propre moyen.
Dans quelques jours c'est la rentrée scolaire...et les grands ne savent toujours pas quelle va être leur orientation...

mardi 28 septembre 2010

Même pô peur !

Aujourd'hui suite mais pas fin de l'opération grands travaux dentaires.
Dès lundi matin aux aurores je suis partie pour repérer cette fameuse association qui offre des soins gratuits aux enfants du Cambodge. D'abord trouver le lieu, à l'autre bout de Phnom Penh, ce qui implique de tomber sur un conducteur un peu débrouillard. Et là il faut avoir le coup d'oeil avant de se laisser embarquer pour une aventure parfois contrariante.
D'ailleurs que je vous raconte ma deuxième colère du mois. Il y a une semaine, je devais passer voir Aline avant son départ prévu à 8h pour la France, prévoyante je pars à 7H30, trente minutes pour traverser Phnom Penh en motodop me paraissaient largement suffisantes. Premier motodop à qui je précise l'adresse et la proximité avec le musée du génocide, repaire simple pour se situer. Je lui demande s'il a bien compris, "yes, yes I know". Ok nous voilà partis pour nous arrêter à 200m de la guest house au musée ...national. C'est là que je lui ai demandé de me déposer, mais il s'obstinait et me répétait sans arrêt," yes yes I know !". J'ai fini par descendre un peu rapidement, m'explosant au passage le tibia contre un poteau qui se trouvait bêtement là, et jurant que "nom d'un bouddha, sont tous ****** ces conducteurs de motodop, tuck tuck et compagnie!". Je vous rassure je suis arrivée juste à temps chez Aline.
Ce coup ci j'ai choisi mon jeune conducteur, celui qui m'amène le matin à l'orphelinat et qui est vraiment dégourdi.
Arrivée après 20mn de trajet, une maison toute simple, une nuée d'enfants devant, les uns la joue gonflée, les autres mordant du coton, pas de doute c'est bien là. La salle de soins est moderne, climatisée, propre, de la musique, des couleurs gaies, le personnel est en tenue rose ou bleue. Trois dentistes opérent en même temps, une cambodgienne, une indienne et une anglaise, aidées par de jeunes assistantes.
Accueillie par une jeune directrice cambodgienne, je lui explique que les enfants ont été vus par une dentiste française pour un bilan, que la majorité des enfants est à soigner mais que pour une dizaine d'entres eux, il y a urgence.
Elle me propose un rendez vous pour cinq pour le lendemain matin, à partir de 8h. J'avais prévu ce lundi de congé (je n'ai encore pas pris un seul jour depuis le 1 septembre, mais il est bien difficile d'expliquer aux enfants qu'on ne vient pas le lendemain parce qu'on a envie de voir "autre chose", à eux qui ne voient jamais "autre chose"). Bref, je dois quand même prévenir les enfants que je viendrais le mardi matin pour les accompagner. Donc traversée de nouveau la ville dans l'autre sens pour préparer la liste des urgences.
Ce matin dès 7H30, six jeunes sont prêts, une de plus, je tente, et j'ai bien fait ça n'a pas posé problème...Le tuck tuck de la Guest house a reçu les consignes de trajet du conducteur de motodop, et avec mon sens de l'orientation bien connue, nous arrivons tranquillement pour 8h.


Le dispensaire dentaire.

La salle d'attente
Ensuite, c'est à qui occupera le siège en premier, j'ai vite compris la technique, ne pas laisser le fauteuil inoccupé un seul instant, entre celui qui a finit et celui qui s'y colle....
La petite Kho Samech la plus courageuse est la première a se faire extraire une dent infectée.

Ensuite Sam Nang pas trop rassurée mais la dentiste passera un long moment à lui parler doucement avant de faire les soins.


Sur six enfants, trois ont eu des extractions de dents, dont deux pour des dents définitives, trop abimées pour être soignées. Srey Pich doit continuer son traitement antibiotique, certains ont des anti douleurs donnés par l'association.
Je dois revenir avec deux jeunes vendredi pour terminer les soins (et du coup j'en ramènerais encore quatre autres). Nous sommes repartis à 11 heures, et si il y en a une qui en menait pas large, c'est moi, malgré la climatisation je suis ressortie liquéfier. Je n'ai pas su si je tenais la main des enfants où si c'est eux qui me tenaient la main...



Heureusement pour se détendre, les rues de Phnom Pehn sont un spectacle permanent.



Et notre chauffeur de tuck tuck avait vraiment un tee shirt des plus juteux !

Ps: Voici le site de l'association qui gère le dispensaire de Phnom Pehn. Si vous voulez vous rendre compte du travail effectué.

http://www.poidsplume-asie.com/