Malaria, déshydratation, infections digestives ou respiratoires, dengue, chaleur, les épisodes fiévreux sont fréquents à l'orphelinat, et leurs causes multiples sont difficilement identifiables. Et parfois pas vraiment rationnelles.
Aujourd'hui tous sont persuadés que l'origine de leur fièvre est "la nuit du feu". Peu de signes associés, un peu de toux pour certains, aucun trouble digestif. Alors qui sait?
La première chose à faire est de les faire boire, ces enfants ne boivent quasiment jamais, c'est un fait. Je n'en ai pas identifié la raison, si je demande j'obtiens la réponse la plus souvent donnée au Cambodge: "I don't know"
Ensuite de tenter de les garder au repos, il n'est pas rare de voir un enfant qui, une heure avant, avait 39° de température, jouer dans la cour. Puis donner ce bon vieux paracétamol en prenant soin de peser chaque enfant pour adapter la posologie à la morphologie cambodgienne (Chany, 10 ans, pèse à peine plus de 20 kgs, Titte, 9 ans, en fait 12 !). En tout cas, fièvre ou non ils ne perdent jamais leurs sourires.
Les kramas, ces grands carrés d'étoffes, utilisés à peu près pour tout au Cambodge, foulard, serviette, ceinture, pagne, porte bébé, couvre tête, sont bien utiles une fois mouillés pour faire chuter la température.
Mardi, le directeur semble enfin s'apercevoir qu'une bonne dizaine d'enfants sont malades. Il envoie alors trois garçons faire un prélèvement de sang à la recherche de la typhoïde, malgré l'absence des symptômes de cette maladie. En mars dernier, une épidémie de typhoïde avait conduit plusieurs enfants à l'hôpital. Peut être a-t-il peur d'une nouvelle contamination, à moins que le propriétaire du labo ne soit un ami ?
Revenus avec des résultats négatifs, mais toujours avec leur fièvre, le directeur demande à nounou Srey d'aller à la pharmacie (enfin ces officines pseudo "pharmacie" qui en réalité vendent pour la plupart des médicaments contrefaits, et dont les vendeurs ne sont pas plus pharmaciens que vous et moi, mais peut être de la famille du directeur?) avec les résultats des analyses et d'acheter les médicaments qui "devraient faire". A aucun moment, les enfants n'auront vu un médecin, mais nounou Srey distribuera à chacun les sachets de pilules, de toutes les couleurs et de toutes les formes, qui "doivent faire".
Et puis quand même, rien ne se fait sans, au préalable, s'être assuré la guérison par la méthode traditionnelle. On ne sait jamais. Tous les fiévreux de l'orphelinat arborent les stigmates "du-tranchant-d'un-bouchon-ou-d'une- pièce-en-aluminium-vigoureusement-frotté-sur-le-corps-enduit-aupréalable-de-baume-du-tigre."
Pour en savoir plus, lire ou relire le post de l'an dernier
http://blogdemarieo.blogspot.com/2010/10/cest-pour-ton-bien.html
Ce matin, est ce le paracétamol ? les mystérieuses pilules rouges, vertes ou jaunes ? ou l'ancestral traitement ? mais effectivement les enfants vont mieux.
Bah (et non pas bath !) d'autres ont des pierres guérisseuses. Si effectivement les enfants vont mieux c'est le principal. Et le directeur : arbore-t-il les stigmates du tranchant-du-bouchon ? Si ça se trouve t'as même pas été voir ? P't-être que lui aussi l'a la fièvre du samedi soir ?
RépondreSupprimerQuand même je ne savais pas qu'un bouchon pouvait trancher ! J'ai essayé ce soir avec une Clairette de Die : même pas mal !
Bises. Yannick