Il y a eu du chagrin, ce jour de pluie où Sopheak a appris l’inéluctabilité de la maladie qui jetait sur son avenir une ombre grise et uniforme. Il y a eu de la colère, celle, salvatrice, qui donne l'énergie de ne pas abandonner, et du découragement comme on en connait dans un pays où rien ne se mesure à l'aune de nos exigences d’occidentaux. Il y a eu de l’inquiétude lorsque à force d'obscurité au travers de sa route, Sopheak ne retrouvait plus son chemin. Il y a eu des rencontres, de généreuses rencontres, de l'espoir, beaucoup d'espoir. Et l'envie de se battre à ses cotés.
Et il y a Sopheak, son talent, ou plutôt ses talents, fabuleux peintre et dessinateur, extraordinaire musicien, sa gentillesse et sa douceur.
De passage à Siem Reap, avec mon amie Paulette, pour qui ce séjour est une grande première, nous sommes allées retrouver Sopheak. "Monsieur" Sopheak comme m'a précisé le conducteur du tuck tuck qui nous a accompagné et qui le connaissait. Sopheak vit dans la petite maison de son professeur, un maître de musique traditionnel estimé. Dans un village à quelques kilomètres de Siem Reap, au bout d'un chemin de terre rouge qui laisse dans la bouche un gout de métal et dépose sur la peau une fine poussière ocre.
A peine arrivée, le petit monde du village s'est rassemblé autour de MamMen, le professeur, et de Sopheak. Quelques jeunes se sont joint à nous et ont sorti les instruments soigneusement rangés sous des tissus protecteurs.
Dans la maison commune, ils ont improvisé un concert de ces étranges instruments.
L'adolescent introverti et taciturne qu'il était s'est mué en un jeune homme heureux et fier de lui, gardant une timidité qui le fait joliment rougir au moindre compliment.
Sopheak assure deux soirées par semaine des concerts de harpe dont il est devenu un grand professionnel dans un palace sur la route d'Angkor, l'Amansara Resort. Il est retenu pour d'autres soirées dans un nouvel hôtel qui ouvre très prochainement ses portes. Egalement remarqué par des organisateurs d’événements artistiques, il anime aussi des manifestations musicales.
Et Sopheak continue à peindre, il vend ses cartes aux touristes quand il en a l'occasion,
perfectionnant son style et ses techniques.
Il n'a rien lâché, rien perdu, rien trahi, merci Sopheak pour ce que tu as su nous apprendre.
Alors hier, il y a eu de l'émotion, une belle émotion...
Quelle émotion en lisant ta visite à Sopheak; Comment l'aide de "l'Eléphant Blanc", de tous et toutes, de chacun-chacune, du hasard et de la détermination, de l'incroyable talent "découvert" de Sopheak; comment tout cela lui a permis d'Être,et d'être ,semble t-il, heureux.
RépondreSupprimerEncore une belle histoire avec Sopheak qui malgré son handicap a s'ouvrir aux autres grâce à la musique et à ses magnifiques dessins... je lui souhaite le meilleur avenir qu'il soit.
RépondreSupprimerbiz à toutes les deux.
Belle histoire de talents, de solidarité et d'arts qui nous changent du marigot qui occupe notre univers médiatique en ce moment. Dommage que tes photos n'aient pas transporté également quelques notes de musique produites par ces curieux instruments. A moins que... tu ai gardé ça dans une séquence vidéo ?
RépondreSupprimerBises