lundi 31 juillet 2017

La-petite-fille-sans-nom

Elle est arrivée début octobre 2010 à l'orphelinat de Sfoda (*), à quelques centaines de mètres de celui Kien Kleang. Je m'étais précipitée pour voir ce p'tit bout de nana déposée quelques heures seulement après sa venue au monde, là, nue et étrangement apaisée. 
Emmy à son arrivée
J'allais régulièrement veiller sur elle avec mon oeil d' l'infirmière PMI du moment.
Elle n'avait pas été nommée. On l'appelait "la-petite-fille-sans-nom". J'ai appris qu'elle s'appelait Emmy, quelques jours avant mon retour en France. Et cette année là,  Emma, jeune médecin de France, avait fait un bout de chemin avec moi à Kien Kleang. Nous nous étions dit que, quand même, à une voyelle près...

Emmy à 3 semaines
J'ai revu Emmy, qui grandit depuis 7 ans à Sfoda, petite fille joyeuse et rayonnante.
Il y a des jours où finalement la vie va pas si mal.





http://blogdemarieo.blogspot.com/2010/10/breves-de-bebes.html

dimanche 30 juillet 2017

Kho Kong intermède

Kho Kong c'est une province à l'ouest du Cambodge, frontière de la Thailande. Bordée par la mer et retenue par les montagnes des Cardamones, c'est un passage pour les touristes venus au Cambodge par la cote. Mais Kho Kong c'est aussi un petit port paisible, où le vélo n'a pas disparu du paysage, où la traversée d'une route n'oblige pas encore à slalomer imprudemment entre voitures, tucks tucks, motos et camions. Depuis mon passage en 2011, les dragueurs de sable ont disparu redonnant à l'horizon sa respiration. 



La rue principale de Kho Kong




Avis aux parents inquiets et aux copines de la PMI, ceci est le toboggan (utilisé bien sur) par les enfants de l'école élémentaire





ça pourrait devenir une jolie petite plage si ce n'était le dépotoir...
A Kho Kong l'association (*) supporte un orphelinat géré par le gouvernement. Nous y fournissons nourriture, produits d'hygiène et salarions la nounou qui veille aux 12 jeunes actuellement sur place. En réalité très peu d'entres eux sont réellement orphelins. Issus de famille trop pauvres, ces jeunes espèrent un meilleur futur en intégrant une structure qui leur donne à manger, un lit et leur permet une scolarisation. La politique du gouvernement tend à renvoyer les enfants dans leur famille (au sens large de la notion de famille cambodgienne, tante, grand-mère, cousine etc...). Nous devons donc réfléchir à accompagner cette démarche et proposer des solutions à ceux qui n'ont aucun parent pour les recevoir. Notre prochaine mission s'avère donc un vrai défi à relever.
L'orphelinat de Kho Kong
Vanthet tente de donner un cours de crochet à Srey Pich  

Chan et Chanta aussi tricheuses l'une que l'autre




Chanta devant les beignets du gouter

Le filet va du coté du vent

Chanta et Paney 
Paney le dernier arrivé

Jeux de société

(*)vous pouvez retrouver les articles sur mon blog sous le libellé 'Kho Kong' 

samedi 29 juillet 2017

L'aventure au coin de la route

Je devais aller à Kho Kong pour faire un point sur l'orphelinat de l'association, Elizabeth, qui y est bénévole depuis plusieurs mois, rentrait avec moi après quelques jours à Phnom Penh.
Il y a d’abord eu le départ poussif de Phnom Penh. Après une grosse demi-heure de retard, jusqu’à là rien à dire,  nous avons fini par nous installer dans le minibus à 14h. Nous avions préféré le minibus, un peu plus cher car plus rapide (c'est vous dire...) au bus classique. Une confiture de traffic plus tard comme disent les anglais ("traffic jam") nous stoppons à l’arrêt suivant à peine sorti de la ville.  Pich, (que l’on a embarquée avec nous parce-qu’elle-apprend-le-français-et-parle-un-excellent-anglais-en-plus-d’être-totalement-disponible-et-surtout-tellement-agréable),nous explique que nous attendons un dernier passager. Quelques très longues minutes après (longues genre comme 45 min !) le passager enfin arrivé, nous voilà repartis.
La route pour Kho Kong  à la sortie de Phnom Penh traverse de larges zones de manufactory.  D’immenses complexes où s’installent les multinationales qui nourrissent nos pays de leurs jeans, chaussures, tee shirts et autres produits. 

Et ce sont des milliers d’ouvriers, plutôt d’ouvrières pour la grosse majorité,  qui débauchent en fin d’après-midi, s’entassant dans des vans pour rejoindre leur village. 


La route plutôt correct jusqu’au croisement de celle de Sihanoukville, devient nettement plus périlleuse et sinueuse sur son autre partie. 
                       
Elle frôle alors la chaîne des cardamones, victime des intempéries fréquentes et intenses qui balaient le ciel entre mer et montagne. La  pluie qui s’averse depuis notre départ a inondé la chaussée masquant les énormes trous que le chauffeur prend  à la volée.  Nous stoppons en rase campagne pour une roue crevée et fort à propos un camion de « dépannage » est installé à proximité. 
                        
La pièce manquante à la réparation est aussitôt envoyée chercher par le jeune apprenti et nous repartons quelques très longues minutes après (longues genre comme 50 min !)
Un arrêt pour récupérer un paquet, un autre pour déposer une jeune fille,  un encore pour manger, très important ça l’arrêt cantine. Inratable quelque soit le temps perdu…


Le jour s’est assoupi  depuis un moment et la pluie ne fait pas relâche.
Le chauffeur met les pédales doubles pour rattraper son retard, doublant allègrement en troisième position, en cote, en virage, franchissant la ligne continue qui ne sert  ici qu'à repérer la chaussée, répondant  à multiples reprises à son portable qui n’a pas cessé de sonner… dommage il en oublie au passage de s’arrêter prendre un client…
Qu’à cela ne tienne, quelques très longues minutes après (longues genre comme 20 min) en s’en apercevant il fait demi-tour presto pour récupérer la passagère égarée, ha mais ! il ne sera pas dit que le service n’est pas rendu…
Déposées avec de très longues minutes de retard (longues genre comme 130 min), nous n’étions finalement plus si pressées d’arriver.


mardi 25 juillet 2017

L'autre rive

A Phnom Penh il y a l'incontournable "Riverside"(*) qui s'étire le long du Mékong, perlée de ses cafés branchés, où s'emmêlent phnom phenhois, touristes, expatriés. Là, je connais, traînant mes tongs à chaque séjour sur les pavés chaotiques du large quai. 
Mais c'est de l'autre coté du fleuve, sur la presqu'ile de Chroy Changvar, que dorénavant les choses se passent, "the place to be" comme on dit, le rendez vous des khmers. 
Là où il y a quelques années il n'y avait qu'un chemin de poussière et de boue, là où a commencé pour moi ma grande histoire avec le Cambodge. Sur la rive de l'orphelinat de Kien Kleang.
Les terrains ont été rachetés par des sociétés chinoises, y poussent de splendides villas,
 et les immeubles s'arrachent de terre. 


Sur la longueur de la berge, face aux lumières de la ville, 

les restaurant khmers se pressent les uns contre les autres. 
Proposant viande, fruits de mer, poissons, généreusement étalés dans des bacs glacés qui ne laissent pas douter de leur fraîcheur.  On choisit directement sur le stand, un aller retour sur les fours au charbon de bois, et on peut déguster. Les clients sont tous khmers, jeunes en bandes, en couple, en famille, rêvant le temps d'une soirée au possible d'une vie à inventer.
J'avais rendez vous... Avec mes jeunes...

Entre rires et bruissements, entre murmures et éclats, entre souvenirs et avenirs, nous avons retrouvé ces instants magiques, complices et joyeux qui me les font tant aimer.





Dima et son ventre tout rond dorlotée par les copines




(*)http://blogdemarieo.blogspot.com/2011/08/quai-des-brunes.html

samedi 22 juillet 2017

Pantouflarde



A la Okay Guest House c'est un peu comme retrouver ses bons vieux chaussons, on en essaie d'autres et pour finir on traîne toujours avec sa paire défraîchie. 
Enfin en ce qui me concerne, parce que je ne fais pas de pub pour cette GH précisément, je ne touche aucun pourcentage et je n'ai même pas de réduction.
A Phnom Penh il y a un nombre incalculable de Guest House, je n'ai aucune idée de leur nombre, des centaines ? des milliers ? Elles fleurissent de partout, alimentées par les touristes qui passent ici seulement quelques nuits. Après les visites incontournables, Palais Royal, musée Tuol Sleng, après le plein de multiples objets au marché russe ou au marché central, la balade le long du quai Sisowath, un petit tour au Vat Phnom si toutefois on a le temps, chacun repart. Qui vers les temples d'Angkor, qui vers Sihanoukville (où le commerce humain va bon train et concurrence cette spécialité venue de Thailande) qui vers Kampot ou le Vietnam.
Phnom Penh n'est guère qu'une étape vers autre part, et non une destination. 
Depuis 9 ans de séjour j'en ai essayé des guest house ! Déménageant parfois plusieurs fois en cours de séjour, et puis revenant finalement vers celle ci, d'abord parce que leurs chambres sont correctes et pas chères, mais aussi (et surtout)  parce que dès que je tourne au coin de la rue 258, j'entends des "hello Marie", tuck tuck, moto dop, patronne et employés de la GH, les mêmes depuis tant d'années m'appellent, me reconnaissent, comme si je n'avais pas pris une seule ride....(et ça c'est plutôt flatteur !)
ça n'a pas loupé encore cette année, après 4 nuits ailleurs, j'ai renfilé mes vieilles pantoufles...



vendredi 21 juillet 2017

Alors voilà

Alors voilà je m'excuse très humblement auprès de Baptiste Beaulieu, l'incroyable Bibi du non moins incroyable blog "alors voilà"* que je suis assidûment. (Et que je n'ai jamais commenté parce que je n'ai rien à dire de plus d’intelligent que tout ce qui est déjà écrit...)
Si vous enlevez quelques lettres à cette longue introduction et que vous les mélangez ça fait " un grand merci à toi Baptiste pour ton humilité, ta bienveillance et ta générosité"!
ça, s'est dit et j'espère que Bibi ne m'en voudra pas de lui emprunter ce titre.
Si j'ai pensé à lui, ici, de retour au Cambodge pour mon 9ème séjour c'est que je me suis dit:
"Bordel de merde, nous avons tout, une protection sociale (à peu près) cohérente, un système de santé (à peu près) de qualité, un enseignement (à peu près) honnête, des services de prévention (à peu près) fonctionnels, des chaussures coquées, des gants anti coupures, anti chaleurs anti électricité, anti tout, des routes goudronnées, de la bonne eau potable qui nettoie nos chiottes, des voitures avec des ceintures de sécurité, des casques pour la moto, le ski, le tricycle. 

          

Nous pouvons critiquer les politiques, les ridiculiser, les insulter (enfin pas trop quand même). Parfois même gâcher une tarte à la crème pour leur jeter à la figure. Nous pouvons être d'accord ou pas, le dire ou le taire. Nous avons des joueurs de foot payés à coup de millions d'euros par an (quand même genre 20 millions je veux dire), et des chefs d'entreprise qui s'octroient de large augmentation (alors même qu'ils licencient à tour de bras). Et pourtant, chez nous en France, des gens dorment dans la rue (et aussi en meurt), on aboie (et on mord) comme des chiens contre les étrangers (enfin pas tous hein parce que les femmes voilées des princes de ci de là on leur déroule le tapis rouge dans les boutiques bien chics), beaucoup se privent de yaourts aux fruits, de cinéma, de vacances pour se payer à grand peine de quoi sourire sans mettre la main devant la bouche.
Alors voilà quand a-t-on oublié l'essentiel ? où l'a t-on abandonné en route? est-il perdu à jamais, enterré définitivement ? "
C'est que je me suis dit, ici, à Phnom Penh dans ce pays, parmi ces gens que j'aime tant. 
Et ne me demandez pas pourquoi j'ai pensé à Bibi, peut être parce que il ne faut pas désespérer de l'humanité après tout. 

 





Non il ne faut vraiment pas désespérer de l'humanité.

* http://www.alorsvoila.com/