jeudi 10 octobre 2013

Alors on danse

Cet après midi, la rue qui longe le sinistre musée Tuol Sleng, bruisse du souffle rédempteur d'une jeunesse en éveil.
Nous sommes au DP Artistic Club, où l'on enseigne le chant et la danse. 

Fondé par un ancien pensionnaire de Kien Kleang qui a "réussi" sans jamais oublier d'où il venait, ce lieu ouvre gratuitement tous les après midi, une parenthèse aux jeunes de Kien Kleang. 
A deux pas du symbole de la destruction programmée du peuple khmer, les rires et les soupirs effacent les années de silence. 
Les nuques s'élèvent, les mains  se courbent, les dos se cambrent, les chevilles s'envolent. Le geste est répété, encore et encore, impulsant le corps comme un arc tendu jusqu'au point de rupture. Infini et absolu.
Les khmers dansent, pour avoir la paix, des pluies abondantes, la chance dans leur maison...
Ils dansent pour oublier, la fatigue, le malheur, la pauvreté, la faim... Ils dansent pour se souvenir, du passé, des anciens, des morts... 
Les danseuses Apsara, médiatrices entre le ciel et la terre, sont toujours au coeur de la culture khmer. Le roi du Cambodge a toujours une troupe à disposition, présente à toutes les représentations officielles. Sous le régime khmer rouge 90% des danseuses et musiciens Apsaras ont été exterminés. On estime que seulement 200 partitions ont pu être sauvées, un précieux patrimoine qui alimente des prestigieuses écoles de danse Apsara à travers le monde. 

Cette danse sacrée, forme sensuelle de la vénération des ancêtres et des dieux est la star incontestée.
Si l'Apsara est uniquement féminine, les hommes participent volontiers aux nombreuses danses populaires qui rythment les fêtes et les cérémonies. Elles évoquent des scènes de la vie quotidienne, la cueillette des noix de cocos, la récolte du riz ou la pêche dans le fleuve.
Le cours est d'abord un exercice de concentration...

Aujourd'hui, c'est la pêche miraculeuse, enlevée, joyeuse, abondante. Les filles enchaînent les séquences, reprennent leurs pas, la pluie couvre à grands fracas le chant du professeur. 
Mais elles respirent, et dansent, dansent, dansent... 

















1 commentaire:

  1. magnifique comme d'habitude !
    les photos, le texte, et les enfants magnifiques eux aussi.
    Bises Babeth

    PS : bon anniv avec un peu de retard !

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