lundi 22 août 2011

De deux choses l'une

Sopheak est une jeune femme médecin à l'hôpital de Kho Kong. Elle parle français, elle a pu faire une année de spécialisation en dermatologie à Marseille, grâce à un animateur télé français croisé au cours du tournage d'un reportage sur l'hôpital de Kho Kong.
Sopheak est l'une des belles rencontres que j'ai pu faire ici au Cambodge. 
Je ne la connaissais pas,  et pourtant durant ces 3 jours, elle m'a invité aux repas, m'a prêté son vélo, m'a laissé l'accompagner une matinée à l'hôpital. Sopheak m'a ouvert la porte de sa famille et de sa maison. Et surtout de son coeur, comme seuls les cambodgiens le font, simplement, sans tralala, sans chichis, avec le seul plaisir de partager un moment, une discussion, un fou rire. 
Dans le bus pour aller à Kho Kong, j'ai retrouvé par hasard Anne Marie, ex présidente adjointe d'Elephant Blanc. Ces rencontres"par hasard"  font partie du mystère de mes voyages en Asie, chaque année m'apporte son lot de surprises. Elle se rendait chez Sopheak pour donner des cours de français à son fils, Solid, agé de 7 ans, inscrit à l'école française de Phnom Penh. Et ici, l'amie d'une amie est forcément une amie...
 
                                                          Sopheak et sa copine, la masseuse.

Révision de langue kmer avant la rentrée scolaire le 1 septembre, dans le "salon" de la maison.

L'hôpital tout neuf de Kho Kong, jusqu'à peu de temps il était encore en bois. Peu de batiments sont réellement utilisés.



Une salle de petite chirurgie, où se trouvait un homme victime d'une vilaine morsure de serpent,

le "triage" où j'ai pu apercevoir alors que je repartais, la patiente qui attrapait le balai et faisait son petit ménage, pour s'occuper un peu, surement





 
   

 une seule chambre de pédiatrie ouverte ce jour là pour un enfant atteint de pneumonie.

un service de pathologie tuberculeuse qu'on ne me laissera pas visiter et une salle de radio, d'où sortait une femme à la cheville cassée qui refusait de se laisser mettre un platre. Elle est donc repartie boitillant et sautillant, le pied bleu et enflé.

une chambre de maternité, où 3 mamans venaient d'accoucher, l'une d'elles enveloppait déjà son bébé d'un jour et s'apprêtait à partir  avec le papa venu la chercher...en motodop!


 
bien emmitouflé, bonnet, couverture, gants, chaussettes, et ce malgré les 35° ambiant lourd d'humidité
 
malgré le rose, c'est un garçon ! j'ai bien essayé de le réveiller avec mon flash mais non, imperturbable...même pas pu le prendre dans les bras !

Le service de médecine était fermé, le bloc opératoire ne fonctionnait pas, le laboratoire était branché sur le karaoké.

Étonnamment, très peu d'activité dans cet hôpital. Avec mon expérience de celui du Vietnam où l'activité était constante et affolante, j'ai ici une impression de désaffection, comme si les murs repeints n'étaient qu'un décor pour cinéma.
Et pourtant la veille au soir, un accident avait mis en alerte les médecins hospitaliers, un chauffard ivre avait percuté trois cahutes en campagne blessant gravement une dizaine de personnes. Mais il semble que les blessés soient plutôt envoyés vers des petites "cliniques" privées dans Kho Kong.
Une polémique agitait alors ce matin là le microcosme des soignants, il était reproché à l'hôpital de ne pas avoir accueilli les victimes de cet accident. Version officielle d'un refus de soins que contestaient les médecins. Un journaliste s'étant déplacé pour l'occasion.
Les soins sont payants, même à l'hôpital public, mais il semble qu'il y ait un fond d'assistance pour les plus démunis. Tuberculose, paludisme, sida, hépatites, pneumonie, infections intestinales, accidents de la circulation sont les pathologies les plus fréquentes. Les cas les plus graves partent sur Phnom Penh ou sur la Thaïlande.
Six médecins, quelques infirmières, pas d'aides soignantes, (la profession n'existe tout simplement pas ici, ce sont les familles qui "nursent" leurs malades), un seul chirurgien, un laborantin et un manipulateur radio, le personnel  est peu nombreux, et leur compétence professionnelle reste un peu vague...
Le salaire de Sopheak de 80 dollars par mois ne lui suffit pas à faire vivre sa famille. Elle a, au centre du bourg, une échoppe ouverte de 6 h du matin jusqu'à la dernière visite possible. Elle reçoit malades et blessés. Son mari, policier (au salaire encore inférieur) est en fait bien plus habile à suturer, panser, soigner les malades qu'à dresser les contraventions aux moto dops sans casque. Ils dispensent chacun leur tour les soins, suivant leur disponibilité.





 
80 dollars/mois pour les médecins, 25 dollars/mois pour les infirmières, ai-je encore le droit de me
plaindre ?

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