jeudi 25 août 2011

Y'a d'la tension dans l'air

Ce matin, en arrivant à l'orphelinat, je sens comme une tension dans l'air...
Entrée dans la cour, j'aperçois un câble à terre, un de ces gros câbles électriques qui font les photos rigolotes quand on est dans un pays comme le Cambodge.
Vous savez, ces incroyables paquets de fils qui traversent les routes, longent les maisons, s'enchevêtrent aux carrefours et finissent en noeuds que même un marin aguerri ne parviendrait pas à démêler. Ben là franchement ça m'a pas fait rire du tout.

Un violent orage pendant la nuit a fait courtcircuiter la ligne qui passe dans l'orphelinat, le poteau est juste derrière le mur, du coté des sanitaires, proche des chambres des grandes filles.
 A 2 heures du matin, les enfants et les nounous réveillés en sursaut ont vu brusquement les flammes monter le long du pylône, ravager rapidement l'amas de fils dans un fracas d'explosion. Nounou Srey a alerté les "autorités" numéro d'urgence qu'elle peut joindre "en cas de"...sauf qu'elle a du téléphoner deux fois, "en cas de" ne répondait pas. Tous se sont rassemblés dans la cour de l'autre coté, là où se trouve l'orphelinat de l'association Cambodge Enfance Développement. En attendant...les pompiers sont arrivés près d'une heure plus tard. Le feu aura eu le temps de brûler suffisamment les fils pour qu'ils tombent sur le toit de l'auvent des sanitaires, perforant la tôle ondulée.
Je vous laisse imaginer la terreur des enfants, des personnes handicapés qui vivent là, des nounous, seuls dans l'obscurité, démunis de tout moyen d'intervention. Les plus grands ont fait semblant de ne pas trembler et ont pris en charge les plus jeunes, et quand enfin ils ont pu regagner leurs lits, aucun n'a réussi à s'endormir.
Pourtant dès le lever du jour, les enfants ont repris leur quotidien
Voire certains seraient même tenter de bricoler un peu...
A midi les électriciens avaient terminé l'enlèvement des lignes qui traînaient, sous les regards curieux.
le camion de "l'électricité du Cambodge"
L'électricité est bien sur coupé, personne n'a pu nous dire combien de temps il faudra pour remettre le courant.  Le directeur, quant à lui, ne s'est pas dérangé pendant la nuit, il est arrivé à son heure habituel, très ennuyé par le trou dans le toit des sanitaires.
En France, on aurait immédiatement dépêché une "cellule de crise". Ici, dans la matinée, chacun racontait "sa" nuit, encore et encore, mimant ses peurs, se moquant de soi même et des autres, évacuant l'angoisse par la parole et les rires. Seuls les yeux rougis témoignaient des pleurs de cette nuit sans sommeil.













3 commentaires:

  1. à la lumière de ce que tu écris, on comprend que tu n'étais pas au courant. On te sent électrisée par ses conditions limite sécurité. Mais parmi les bricoleurs comme ceux que l'on voit accroupis à réparer les fils, il y a parfois des vrais talents, des vrais professionnels qui connaissent beaucoup de choses et qui sont capables de miracle.
    Pour ce qui est du directeur, vallait-il mieux qu'il soit ennuyé par un trou dans le toît des sanitaires plutôt que par un toît dans le trou des sanitaires ? Parce que là, il aurait été vraiment dans la m...
    (Bon, c'est vrai, des commentaires comme ça, on peut s'en passer. Petite forme pour ma part en ce moment !) Bises Yannick

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  2. De vrais bricoleurs, mais bien d'accord avec toi, de vraies compétences aussi. Sur qu'on pourrait pas s'en sortir comme eux avec le peu de moyens qu'ils ont. Dans tous les secteurs, batiments, mécanique, santé ils utilisent au maximum leur capacité d'adaptation et de récupération. Comme en tant de guerre. Restent d'énormes lacunes dans le domaine de la formation à ce qui pourra un jour leur sortir la tête de l'eau. La sécurité, l'éducation, et dans les hopitaux par exemple à l'hygiène, et je ne parle même pas d'aseptie.
    Quand même, le soir l'électricité était rétabli à Kien Kleang.
    Mais non tes commentaires sont toujours utiles, ils apportent la lumière ! Et puis ils ont l'avantage de me faire rire !
    Bisous à toi et autour de toi

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  3. j'espère que les enfants se sont remis de leur frayeur... attention à toi biz Babeth

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