mardi 12 octobre 2010

Chapeau bas

Bébé Chang est rentré malade de sa semaine de "vacances" dans la famille de sa nounou. Rien ne m'étonne moins. Le voir partir pour un périple d'une centaine de kilomètres en motodop et bus, entre poussière, soleil et pluie de la mousson m'inquiétait vraiment. A peine revenu, il a été hospitalisé à l'hôpital de Khanta Bopha, qui dispense des soins gratuits aux enfants du Cambodge. Nous avons voulu lui rendre visite, Emmanuelle et moi, mais nous n'avons pas pu y rentrer, l'accès est interdit aux étrangers, sauf évidemment à accompagner un enfant.
Khanta Bopha, c'est là que Yolle a été opérée. Agée de cinq ans, victime d'un accident de motobike à l'âge d'un an, elle est arrivée à l'orphelinat de Koh Kong trainant une jambe déformée par une déviation de son genou. Anne Marie s'est battue pour qu'elle soit admise à Khanta Bopha, où elle a pu être prise en charge par une équipe de chirurgiens orthopédiques. Cinq mois après, Yolle a retrouvé une jambe fonctionnelle. Elle court, elle danse, elle sautille et en plus elle parle anglais et français, fruits de longues semaines d'hospitalisation où Anne Marie a patiemment "occupé" ses journées.


Yolle en visite à Kien Kleang


Khanta Bopha, c'est une fondation crée par un médecin pédiatre suisse, Dr Beat Richner. Une figure ici au Cambogde, un personnage.
En 1974, il arrive au Cambodge d'où il repart l'année d'après, à l'arrivée des kmers rouges. En 1991, à la fin de l'occupation vietnamienne, il est appelé par le roi Norodom Sihanouk pour restaurer l'hopital de Khanta Bopha totalement détruit, après des années de guerre.
Un an plus tard, l'hôpital pour enfants est ouvert.
Khanta Bopha, c'est maintenant quatre hopitaux, dont une maternité pour les femmes séropositives et un centre de formation où les familles recoivent une éducation à la santé. Entre Phnom Penh et Siem Reap, c'est, par an, 600 000 consultations, 16 000 opérations chirurgicales, 55 000 enfants admis pour maladies graves, et chaque jour 1000 enfants hospitalisés avec une moyenne de 5,5 jours de présence. Médecins, infirmières, techniciens, tous sont cambodgiens. Ils perçoivent un salaire correct pour éviter le recours à un deuxième emploi et enrayer la corruption. Les fonds nécessaires au fonctionnement proviennent essentiellement de fonds privés.
Mais Beat Richner a une double vie, car il est aussi "Beatoccelo", clown poétique mélomane qui promène sa musique et sa poésie à travers la Suisse et le Cambodge. Avec son violoncelle et ses contes, il étonne, apostrophe, émerveille.
Parfois, il pose son instrument au bord du Mékong, pour une bulle de bonheur entre les flots tumulteux du fleuve et la longue plainte du violoncelle. Chaque samedi soir, il offre sa parenthèse musicale à Siem Reap, expliquant inlassablement son travail et ses rêves. Il dit de lui même : "je suis le dernier socialiste". Il est de ces personnes qui vous réconcilie avec le genre humain...
Oui chapeau bas, Monsieur Beat Richner !

Pour plus d'infos, le site de la fondation, en anglais. Mais vous pouvez quand même y jeter un coup d'oeil. Il y a aussi des photos.
http://www.beat-richner.ch/index.html

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