vendredi 8 octobre 2010

Pchum Ben

Pchum Ben, c'est avant tout une odeur d'encens qui virevolte dans tout le Cambodge, s'échappant en lourdes voluptes des pagodes, serpentant dans les rues de la capitale, dans les chemins des campagnes, se joignant à celles des autels dans les maisons, les cahutes, aux creux des arbres, au bord des trottoirs.
C'est aussi des montagnes de riz, de fruits, de fleurs, de viande et de poisson, présentées en offrandes aux bonzes dans les pagodes. C'est eux qui seront chargés de les transmettre aux esprits.
C'est également des chants monocordes, récités en litanie et repris en une seule voix par tous, vieux et jeunes, vétus de corsages et chemises blanches immaculés.
C'est encore une effervescence incroyable. Les marchés sont aussi bondés qu'un supermarché la veille de Noël, les routes sont encombrées de bus débordant de personnes et de marchandises, les motodops sont au maximum de leur capacité de surchage.
C'est surtout la deuxième fête la plus importante de l'année après la fête du nouvel an. La "fête des morts", l'occasion pour les familles de se retrouver et d'honorer leurs ancètres. Elle dure deux semaines, mais ce sont les trois derniers jours qui donnent lieu aux célébrations les plus ferventes.
Les cambodgiens croient que la plupart des gens se réincarnent à leur mort, mais certaines âmes à cause de leur mauvais karma, ne renaissent pas et restent prisonnières du monde des esprits. Par chance, le dieu des enfers les libère pendant quinze jours, pour qu'ils puissent rechercher leurs parents en vie, méditer et se repentir.
Alors le dernier jour de ce retour des esprits, les familles doivent offrir de la nourriture, des boissons, des fleurs, et prier pour que leurs ancètres échappent au monde des esprits et puissent se réincarner peinards.
Pchum Ben vient de 2 mots, qui signifient se réunir et faire des offrandes. La date est choisie en fonction du rythme de la lune au moment ou "le ciel est voilé de grisaille due aux nuages des pluies". Ce rite est donc célébré au plus fort de la mousson et normalement en annonce la fin.
Les esprits vont chercher dans sept pagodes différentes et s'ils ne trouvent pas leur part d'offrandes, malheur aux familles négligentes ! Nounou Srey a porté ses offrandes dans trois pagodes, trois c'est déjà bien, sept c'est mieux, mais une c'est pas assez.
Et ce matin, c'était le dernier jour, Phnom Penh s'est éteinte, plus de " need tuck tuck ?" les boutiques, les marchés se sont vidés d'un seul coup, tous se pressaient aux abords des pagodes.
Nous sommes allés, avec les enfants, à la cérémonie de "cloture". Pas dans la même pagode que le dimanche d'avant, un peu plus loin sur le bord du fleuve. J'avais pris soin de prendre de la monnaie, j'avais aussi acheté de l'encens et une brioche pour Boudha, brioche qui a fait le bonheur d'une armée de fourmis en route...Je ne voulais pas encore arriver les mains vides.
Nounou Srey, très émue, m'a conduit par la main durant toute la matinée. Et je n'ai pu m'empêcher de penser à cette sombre période des kmers rouges où aucun rite religieux n'était toléré. Et pendant laquelle il y a eu tant de morts.




Les trois derniers jours, Phnom Penh s'embouteille avant de se vider. Chacun retourne dans son "home land", retrouver sa famille.

Nounou Srey est dans ses fourneaux depuis la veille, porc au caramel et pousses de bambous pour apporter à la pagode.

On ne part pas sans avoir laisser un repas à la maison pour restaurer les esprits


Pas de problème pour photographier.

Boudha assis et Boudha couché, là encore vous voyez pas, mais ça scintille sacrément...!


Il suffit de lever les yeux, c'est magique

Les nonnes recoivent aussi des offrandes

Puis la distribution du riz, un peu dans chaque plat, pour nourrir les esprits errants.

Après s'élève le chant des bonzes, lancinant, et ici c'est pas comme à la messe, tout le monde chante à l'unisson.

Puis les bonzes s'attablent et en attendant de transmettre les offrandes aux esprits, se restaurent un peu....On peut être bonze, on n'en reste pas moins homme...

A l'extérieur, un autel au creux d'un arbre, la même essence que celui sous lequel Boudha s'est installé pour prier.


Les stupas monuments présents dans chaque pagode, sensés contenir les reliques de Boudha ou d'un homme considéré comme saint.

Trois statues de Boudha, qu'il faut asperger d'eau pour nous garantir santé, bonheur et chance.

Pas moyen d'y échapper, la traditionnelle photo



1 commentaire:

  1. c'est bon, ton explication de cette cérémonie est limpide et colorée; vu l'état de ferveur, en tout cas de participation, on peut penser qu'il leur a été très dur de ne pas la fêter durant les années "sombres".Tom a son examen de secourisme mardi, c'est dommage que Cchay Leang ne soit pas là, il aurait aimé réviser avec elle. Tu pourras discuter avec Ninon en langue des signes elle a pris cette UE à la fac.

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