dimanche 3 octobre 2010

Titte et ses copines

Je m'étais promis de revenir voir Titte, cette petite fille de la rue d'à coté. Louise et Valérie, deux bénévoles de Khon Kong m'ont donné pour elle et sa famille une somme d'argent. A charge de leur acheter fruits, riz ou autres.
Un matin avec Anne Marie, accompagnées de Narong, nous avons repris le chemin du village, semé de carcasses et de bouses de vaches, où flottait une odeur de sang, de charognes et de pourriture à peine supportable. Titte était là avec sa maman et son petit frère, ses cheveux commencent seulement à repousser, son crane ne porte plus que quelques cicatrices de ses lésions.
Nous avions acheté à la gargotte des oranges et des gateaux de riz emballés dans des feuilles de bananiers. En arrivant, une femme s'est précipitée vers moi poussant devant elle ses deux petites filles présentant les mêmes plaies infectées sur la tête que Titte il y a 3 semaines. Je n'avais rien apporté avec moi alors je lui ai promis de revenir aussitôt pour les soigner...
J'ai embarqué Leslie, Isabelle et Lys, les étudiantes infirmières de Valence, et munis de bétadine rouge et jaune, de vaseline et de gants jetables on est retourné au village.
Sauf que ce n'était plus deux enfants que leurs mères amenaient par la main, mais trois, puis quatre, puis cinq avec des coupures, des brulures, des mycoses, des plaies surinfectées aux mains, aux pieds, aux bras, aux jambes, à la tête...
Nous avons shampoigné, trempant les enfants dans des bassines avant de les rincer avec une eau jaunatre. Nous avons bétadiné à tout va, pommadé, et promis de revenir le lendemain, un peu mieux préparé, un peu mieux équipé...
Les valentinoises ont terminé leur séjour au Cambodge, j'y retourne chaque jour,
accompagnée d'un ou deux jeunes qui le veulent bien, parfois avec nounou Srey promue assistante infirmière. Je prends soin d'apporter un sac plastique pour y mettre mes poubelles et de les rapporter avec moi. Je m'étais rendue compte la première fois que mes déchets avaient été prestement balancé sur le coté de la maison... Je peux constater que les plaies s'améliorent, ils ont si peu l'habitude de recevoir des soins que la bétadine fait encore des miracles.
Et chaque jour, une grosse boule de colère me noue les tripes pour Titte et ses copines, à 12 heures d'avion de Paris et à des années lumière de nos sociétés pourries jusqu'à la moelle, suralimentées, aseptisées, bétonnées, et surtout tellement égoïstes...

L'entrée du village s'est modifiée depuis notre premier passage, avec la construction d'un nouveau hall d'abattage des vaches. Pour l'instant un grand bac à sable pour les enfants.

Le même passage obligé entre les carcasses et les os à cuire




puis le quartier de Titte

Titte.... et ses copines








ici une petite fille aux oreilles infectées après un perçage à l'aide de fines baguettes de bois, et son papa avec une vilaine plaie à la jambe gauche.


Là une petite fille présentant les mêmes plaies que Titte sur le cuir chevelu

ici un pied surinfecté



et là des lésions de grattage



3 commentaires:

  1. Coucou,

    On pense beaucoup à toi.Stop. Attendons impatiemment ton retour. stop. Espérons que tu profites de chaque instant.stop.
    T'embrassons très fort. Stop.

    PM. EB. SR. EJ.SD. ML.SN.MB.CF.CR.SF.MFV.LM.CLC. EL.VC.

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  2. Bisous à toute l'équipe à qui je pense souvent, c'est qu'y a du boulot pour vous ici...

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  3. Ma chere Marie O,
    Je suis en larmes en voyant ton FORMIDABLE DEVOUEMENT ! TON DESINTERESSEMENT, ton DON DE SOI !
    Bref, je suis admirative car c'est mon souhait le plus absolu de venir en aide a ces pauvres gens plus pauvres que pauvres....les DEMUNIS !
    Rien, rien, rien, ils n'ont RIEN !
    L'AVENIR, vu comme cela, quel sera le sort de ces ENFANTS, plus pauvres encore que nos ORPHELINS !

    Tu es notre SOEUR de coeur !!

    Je t'embrasse tres tres fort
    Aline Fitte
    Association l'ELEPHANT BLANC

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